La free party, projet de rave gratuite, apparaît historiquement
comme une conséquence de la difficulté d'organiser une fête
basée sur la musique techno. Tandis que la majeure partie du mouvement
techno est animée par un désir de s'insérer dans la
société, la free party témoigne au contraire d'une
résistance à la socialisation amorcée par les raves
payantes.
Essaimant dans toute l'Europe, la free party techno donne à vivre
une fête fonctionnant sur des principes nettement distincts de ceux
établis par la culture dominante. À côté, voire
contre la société, suivant le degré de répression
dont elle fait l'objet.
L'intensité et la rugosité du son des free parties, l'étrangeté
de la musique en regard de la production dominante ainsi que l'agressivité
délibérée du message non verbal placent le bruit en
position de concept clef pour saisir la signification du phénomène.
La techno cumule toutes les dimensions du bruit, comme une provocation
ultime au postulat conventionnel de la musique. Au-delà, la techno
irrite les oreilles de notre société pour des raisons qui
excèdent largement le cadre musical. Mais la musique accompagne
et est à la source de cette controverse, ce qui révèle l'existence
d'un lien significatif entre le matériau musical et
le phénomène social.
Dans ce contexte de contre-culture radicale, la techno jouée
dans les free parties mêle étroitement bruit et machine. Entre
détournement et reproduction, l'instrumentation électronique
est manipulée intuitivement pour produire un bruit qui se veut à
la fois provocation et invention.
distribution Librairies : Parallèles, L'Harmattan, P.U.F., Regard
Moderne, Lady Long Solo, Fnac et sur commande dans toute la France.
Par correspondance : IRMA 01
43 15 11 11
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Ce travail, né d'une passion pour un style musical largement
méconnu en France et cependant très influent, est à
l'origine un mémoire de maîtrise de musicologie soutenu à
l'Université d'Aix en Provence.
Le contexte culturel de l'émergence du mouvement industriel originel
correspond à une période charnière de l'histoire musicale
et sociale de ce siècle. Le noyau des groupes fondateurs donne une
identité tranchante, profondément contestataire. Suite à
l'éclatement du noyau formé par Throbbing Gristle, Cabaret
Voltaire, SPK & Boyd Rice, de nombreux groupes poursuivent l'aventure
des sons et de la volonté de briser les tabous. Telle une galaxie
en pleine expansion, la musique industrielle se disloque en de nombreux
courants parfois antagonistes, mais toujours porteurs d'un projet musical
et contestataire virulent.
L'esthétique industrielle s'appuie sur des thématiques
et des matériaux violents, choquants et transgressifs, destinés
à révéler ou à déclencher des processus
de pensée inhabituels chez l'auditeur, du moins si on compare avec
ce que suggèrent les musiques en vogue à l'époque.
Le projet de théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud apparaît
nettement, non comme une influence directe, mais comme un corpus
théorique très proche des réalisations du mouvement
industriel.
La scène actuelle des musiques dites industrielles (qui se placent
directement dans l'héritage de l'esthétique formée
par le noyau fondateur), fonctionne comme une porte d'entrée
pour les courants les plus marginaux, radicaux et contestataires y compris
les plus réactionnaires d'entre eux. Mon travail a consisté
dans la deuxième partie à tenter de comprendre pourquoi et
comment le projet initial a pu dévier aussi radicalement au point
d'atteindre des extrêmes opposés.
Toutefois, la musique industrielle ne saurait se limiter à des
provocations jusqu'au-boutistes et il est intéressante de constater
la vivacité de cette esthétique depuis un quart de siècle. |