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Bruyante techno
réflexion sur le son de la free-party
Emmanuel Grynszpan, 1999
éditions Mélanie Séteun, 116 pages, 65 FF

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La musique industrielle et son héritage
Emmanuel Grynszpan, 2004
à paraître...

La free party, projet de rave gratuite, apparaît historiquement comme une conséquence de la difficulté d'organiser une fête basée sur la musique techno. Tandis que la majeure partie du mouvement techno est animée par un désir de s'insérer dans la société, la free party témoigne au contraire d'une résistance à la socialisation amorcée par les raves payantes.

Essaimant dans toute l'Europe, la free party techno donne à vivre une fête fonctionnant sur des principes nettement distincts de ceux établis par la culture dominante. À côté, voire contre la société, suivant le degré de répression dont elle fait l'objet.

L'intensité et la rugosité du son des free parties, l'étrangeté de la musique en regard de la production dominante ainsi que l'agressivité délibérée du message non verbal placent le bruit en position de concept clef pour saisir la signification du phénomène. La techno cumule toutes les dimensions du bruit, comme une provocation ultime au postulat conventionnel de la musique. Au-delà, la techno irrite les oreilles de notre société pour des raisons qui excèdent largement le cadre musical. Mais la musique accompagne et est à la source de cette controverse, ce qui révèle l'existence d'un lien significatif entre le matériau musical et le phénomène social.

Dans ce contexte de contre-culture radicale, la techno jouée dans les free parties mêle étroitement bruit et machine. Entre détournement et reproduction, l'instrumentation électronique est manipulée intuitivement pour produire un bruit qui se veut à la fois provocation et invention.
 

distribution Librairies : Parallèles, L'Harmattan, P.U.F., Regard Moderne, Lady Long Solo, Fnac et sur commande dans toute la France.

Par correspondance : IRMA 01 43 15 11 11

 

Ce travail, né d'une passion pour un style musical largement méconnu en France et cependant très influent, est à l'origine un mémoire de maîtrise de musicologie soutenu à l'Université d'Aix en Provence.

Le contexte culturel de l'émergence du mouvement industriel originel correspond à une période charnière de l'histoire musicale et sociale de ce siècle. Le noyau des groupes fondateurs donne une identité tranchante, profondément  contestataire. Suite à l'éclatement du noyau formé par Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire, SPK & Boyd Rice, de nombreux groupes poursuivent l'aventure des sons et de la volonté de briser les tabous. Telle une galaxie en pleine expansion, la musique industrielle se disloque en de nombreux courants parfois antagonistes, mais toujours porteurs d'un projet musical et  contestataire virulent.

L'esthétique industrielle s'appuie sur des thématiques et des matériaux violents, choquants et transgressifs, destinés à révéler ou à déclencher des processus de pensée inhabituels chez l'auditeur, du moins si on compare avec ce que suggèrent les musiques en vogue à l'époque. Le projet de théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud apparaît nettement, non comme une influence directe, mais comme un corpus théorique très proche des réalisations du mouvement industriel. 

La scène actuelle des musiques dites industrielles (qui se placent directement dans l'héritage de l'esthétique formée par le noyau fondateur),  fonctionne comme une porte d'entrée pour les courants les plus marginaux, radicaux et contestataires y compris les plus réactionnaires d'entre eux. Mon travail a consisté dans la deuxième partie à tenter de comprendre pourquoi et comment le projet initial a pu dévier aussi radicalement au point d'atteindre des extrêmes opposés. 

Toutefois, la musique industrielle ne saurait se limiter à des provocations jusqu'au-boutistes et il est intéressante de constater la vivacité de cette esthétique depuis un quart de siècle.