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Cette édition du seul véritable festival
indus/noise français laisse des impressions mitigées, mais
l'effort et le sérieux de l'organisation ne peut être mis
en cause. De telles manifestations sont assez rares et méritent
d'être soutenues. C'est du côté des groupes que certaines critiques viennent
à l'esprit. La première soirée était un peu
trop statique, les groupes électroniques font souvent preuve de
peu d'imagination sur le plan du spectacle, et c'était le cas. Les
vidéos manquent de relief de manière générale,
toutes les images saccadées et floues c'est un peu facile. Les musiciens
se cachent derrière leurs machines... Ce n'est pas facile, certes,
mais enfin c'est aux artistes de trouver des idées pour concevoir un spectacle
de valeur. Le public a par défaut créé l'évènement
: le premier soir un énergumène complètement ivre a
distrait l'assemblée par son comportement brutal. J'ai trouvé
ça très amusant parce qu'il gardait toujours le sourire,
qu'il reçoive ou qu'il distribue les coups. Il a été
éjecté à plusieurs reprises mais il revenait à
chaque fois devant la scène. Tout le monde n'a pas apprécié
par contre... surtout les filles importunées. Le lendemain, les
fans (un peu puérils) de Genocide Organ singeaient le groupe
et provoquaient de grosses bousculades avec quelques coups... tout cela
était fort distrayant. Par bonheur, les inévitables néo-fascistes
présents sont restés discrets.
Premier soir :
Templegarden's sait faire du beau son, mais ce genre de musique
est définitivement peu adapté au concert, à moins
de supporter une performance scénique (genre danse ou mime). On
s'ennuie un peu.
Bad Sector était bien trop mélodique à mon goût. Limite Dark-Wave ambient peu original.
Inade est un de mes groupes favoris. La puissance des sons, les
vagues bruiteuses produisent une forte impression en concert mais encore
une fois, les visuels restent en retrait. On ne gagne pas grand chose à
les voir sur scène.
Militia avait l'avantage de mettre en mouvement les musiciens,
mais la formule n'est pas nouvelle. Beaucoup de percussions métalliques
et de sueur, peu d'électronique et de subtilité. Meilleure
prestation scénique de cette première soirée, Militia
a eu le mérite de réveiller l'assistance.
Deuxième soir :
Le noise prenait enfin toute son ampleur avec ex-order, mais toujours
avec des vidéos faciles et redondantes.
Club moral a fait un show à la Suicide assez amusant,
au moins il s'est engagé seul face au public, et sa voix signifiait
quelque chose. La vidéo était particulièrement élémentaire,
mais elle avait un côté hallucinatoire et sexuel plaisant.
Slogun, dans la lignée Whitehouse produit du spectacle.
Un son compact et hargneux avec un frontman colérique, insultant
le public, par une provocation cependant dans les limites de l'acceptable
et de la correction. Il n'y a pas eu de réelle
confrontation avec le public, en plus il faisait plaisir en distribuant
quelques cadeaux à ses fans (disques, et autre merchandising). Devant la scène c'était plus
amusant parce que le public s'arrachait les disques et pochettes de Slogun.
Plusieurs individus très énervés on failli en venir
aux mains. L'ambiance était électrique. Slogun est le seul
groupe à ne pas se planquer derrière une video et c'est tout à son honneur.
La tête d'affiche, Genocide Organ, débarquait devant
un public bien chaud, et dès le début ils ont foncé
au devant de la scène pour faire plaisir à leurs fans qui
n'attendait que l'occasion de laisser éclater son énergie.
Genocide
Organ conserve une nette longueur d'avance sur les autres groupes,
avec deux énergumènes agressifs qui se collent au public, une vidéo franchement
extrême et surtout un son
d'une violence et d'une puissance inégalée. Au-delà d'un
bruit blanc élémentaire, le son de ce groupe frappe par l'extrême
abrasivité, prouvant qu'il existe des possibilités multiples toujours
d'actualité avec le bruit. L'excitation était complète
et le public ondulait furieusement par de grandes vagues de chair.
Je me permet de faire une petite suggestion pour le futur du festival.
Quelques groupes noise réalisent de véritables performances
scéniques, pourquoi ne pas les inviter ? En particuliers les anglais
de Smell & Quim, qui fait un show total avec trois fois rien,
CCCC, Daniel
Menche ou Richard Ramirez. Le power electronics allemand tourne
un peu en rond ces derniers temps. Smell & Quim provoque véritablement
le public avec un son extrêmement bizarre, une mise en scène
délirante, un aspect festif, sexuel, totalement pervers et cathartique. |
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